venerdì, dicembre 28, 2012

Centrafrica. Nel mezzo del nulla.


Nessuno se n'è accorto, ma il 10 dicembre è iniziata una nuova guerra. Ci troviamo nella Repubblica Centrafricana, un Paese nel mezzo del nulla. O meglio, nel mezzo dell'Africa.
Un gruppo di ribelli delle regioni settentrionali stanno marciando verso la capitale, Bangui, contestando un accordo di pace firmato nel 2008 con il presidente Bozizé, a sua volta salito al potere con la forza nel 2003.

Ad oggi, del Centrafrica non interessa nulla a nessuno. Fino a quando non inizieranno ad arrivarci terroristi, contrabbandieri, rapitori e mullah. Ma allora sarà troppo tardi. Del resto, anche il Mali era nel mezzo del nulla...


Di seguito unì'intervista di Le Monde a Roland Marchal, uno dei massimi esperti della regione, che spiega sinteticamente cosa sta succedendo in Centrafrica.

Centrafrique : "L'avancée de la rébellion est étonnante"

Roland Marchal, spécialiste de l'Afrique subsaharienne au Centre d'études et de recherche internationales (CERI) de Sciences Po Paris, revient sur les enjeux de ce conflit.

Comment expliquer que le Séléka ait pris les armes contre le président François Bozizé ? Qui dirige ce mouvement et quelles sont ses chances de renverser le président ?
C'est une organisation dont on sait assez peu de choses. Elle est formée de groupes dissidents de deux mouvements qui contestent la mise en œuvre des accords de paix de Libreville passés en 2008 entre le pouvoir et les groupes rebelles : l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) et la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP). Ils estiment que ces accords ne vont pas assez loin, que leurs revendications locales ne sont pas prises en compte, notamment sur la prise en charge des combattants. Le paradoxe est que ces mouvements sont commandés par des leaders qui avaient, à l'époque, rejeté ces accords.
Le chef qui fait la différence au sein de ce mouvement est Michel Djotodia, ancien diplomate et fondateur de l'UFDR, ainsi que son porte-parole Djouma Narkoyo et Eric Massi, le fils de Charles Massi, un ministre du président Bozizé ayant fait défection et tué. Ces personnes ne sont pas connues sur la scène politique centrafricaine. Ce sont des personnalités à la marge, qu'on imagine mal s'installer dans la capitale dont ils ne connaissent pas les élites. 
Le mouvement a très vite réussi à contrôler des villes dans le nord du pays car l'appareil d'Etat n'est pas présent, surtout dans l'est du pays. Par effet boule de neige, fort de ses victoires, le mouvement a été rallié par des groupes marginaux et cette partie de la garde présidentielle composée de Tchadiens postés dans la zone frontalière ayant longtemps vécu en Centrafrique. Ils avaient participé à la prise de pouvoir du président Bozizé mais ont été renvoyés fin 2011 face aux problèmes de défection.
Le Séléka est une alliance très hétéroclite et il est surprenant de voir qu'il dispose d'une bonne chaîne de commandement. Politiquement cependant, il ne pourra pas tenir longtemps car il est composé de groupes aux intérêts trop divergents, que ce soit l'argent, l'accès à des fonctions politiques, aux ressources du pays. C'est une des raisons pour lesquelles le Séléka n'est pas pressé d'aller aux négociations car il sait que son unité pourrait vite voler en éclats.
Comment expliquer cette rapide prise de pouvoir de la rébellion ? Disposent-ils d'un soutien interne ou externe ?
Que ces gens aient facilement pris le pouvoir sur leur propre base territoriale ou ethnique n'est pas étonnant. Ce qui est étonnant est de voir leur avancée dans le pays. Cette rébellion combat bien et ne se comporte pas comme avant, en procédant à des pillages ou en maltraitant la population. C'est un signe que cette rébellion est riche, que les combattants peuvent manger à leur faim et qu'il existe une discipline militaire relativement bonne. La question se pose alors de savoir d'où vient l'argent. Il ne vient pas des chefs de la rébellion.

François Bozizé
Le suspect idéal est bien entendu le Tchad. Mais je suis assez dubitatif car certains incidents montrent que le président tchadien, Idriss Déby, hésite à intervenir. Il sait que si cette rébellion gagne Bangui, elle va se diviser. Cela donnera lieu à de nouveaux combats dans le Nord et ne permettront pas de sécuriser la région comme il le désire. Aurait-il passé un accord avec cette rébellion ? Cela n'est pas exclu, si l'on considère qu'il a fait libérer récemment des membres de la rébellion.
François Bozizé a pris le pouvoir avec l'aide d'Idriss Déby. Mais il s'est peu à peu autonomisé, s'est enrichi à la tête de l'Etat et a cessé de suivre ses conseils, notamment dès 2006 sur les politiques à mettre en œuvre pour régler les problèmes avec les groupes rebelles. Au printemps, les chefs d'Etat de la région lui avaient une nouvelle fois enjoint de régler ces problèmes en ouvrant un dialogue national et en donnant une plus grande place à l'opposition.
M. Déby est peut-être parvenu à la conclusion que le président Bozizé n'est pas capable de faire le travail et qu'il faut le changer. Cependant, soutenir une rebellion au Nord, plutôt musulman, et perçue à Bangui comme composée de Tchadiens, pourrait détériorer davantage les relations entre Centrafricains et Tchadiens et forcer M. Déby à intervenir en Centrafrique contre d'éventuels incidents. En outre, la nature ayant horreur du vide, il faudrait qu'il y ait une alternative crédible au président Bozizé. Or, cela ne semble pas être le cas avec le Séléka, ni au sein de l'opposition centrafricaine qui est très hétérogène, même si elle s'est réunifiée face à l'avancée de la rébellion. Le président tchadien est pris dans ces contradictions.
Comment expliquer la position de la France, ancienne puissance coloniale en Centrafrique, qui a dit qu'elle n'interviendrait pas malgré les appels en ce sens du président Bozizé et du président tchadien?
Les Français sont dans une position délicate face à l'appel du président tchadien. La France rétorque que c'est un problème centrafricain, interne, qui doit donc être réglé par la commission de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale ou l'Union africaine. Cette position est logique sauf qu'elle ne résout pas la crise dans laquelle la Centrafrique est aujourd'hui. 
Ces dernières années, la France a fait en Centrafrique du micromanagement à court terme. On a gagné dix petites batailles et finalement on a tout perdu car la Centrafrique a continué à s'enfoncer. C'est la même chose pour l'Union européenne qui n'exprime pas un grand intérêt à résoudre cette crise. Contrairement à des conflits comme le Mali, la Côte d'Ivoire ou la piraterie en Somalie, la France semble ne pas exprimer ici un grand intérêt à intervenir.
C'est toute l'histoire de la France en Centrafrique, colonisée un peu par erreur et à un moment d'épuisement, et dont on n'a jamais voulu faire quelque chose. Depuis les années quatre-vingt-dix, le pays est une épine dans le pied de la France car les entreprises françaises là-bas ne font pas beaucoup d'argent du fait du climat délétère pour les affaires. En outre, un glissement de la Centrafrique dans la guerre ne remettrait pas en cause les équilibres dans la région. Le seul danger est que le manque de contrôle de ce territoire grand comme la France par les autorités centrafricaines laisse une liberté totale à des opérateurs économiques et militaires, à l'instar des contrebandiers, pour se déplacer.

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