venerdì, ottobre 06, 2006

Il muro tra Messico e Stati Uniti

Mexico dénonce le projet de mur frontalier américain
LE MONDE 06.10.06 14h41 • Mis à jour le 06.10.06 14h41
MEXICO CORRESPONDANTE


Eception, frustration, colère : le Mexique a vivement réagi à la décision du président George Bush de construire un mur frontalier entre les deux pays, liés depuis 1994 par l'Accord de libre échange nord-américain (Alena), mais débordés par l'explosion du flux migratoire.
C'est un coup sévère pour le président sortant, Vicente Fox (droite), qui avait beaucoup misé sur une relation privilégiée avec les Etats-Unis et espérait obtenir in extremis une réforme du statut des millions d'immigrés clandestins aux Etats-Unis. Lundi 2 octobre, le gouvernement mexicain avait envoyé une lettre à la Maison Blanche, pressant M. Bush de mettre son veto à la loi que venait d'approuver le Congrès.
Placé devant le fait accompli, le ministre mexicain des relations extérieures, Luis Ernesto Derbez, a qualifié le projet américain d'"offense" aux relations bilatérales, et a même évoqué la possibilité d'un recours devant les Nations unies.
Jeudi 5 octobre, le porte-parole du président Fox s'est néanmoins dit "confiant" que le "mur" additionnel de quelque 1200 kilomètres ne deviendrait jamais une réalité, et qu'un accord pour réguler l'émigration pourrait être négocié avec Washington, une fois levée l'hypothèque des élections législatives de novembre aux Etats-Unis.
Le président élu du Mexique, Felipe Calderon (droite), estime qu'un nouveau mur ne fera qu'aggraver les problèmes. "Cela signifie que de nombreux Mexicains et Latino-Américains prendront de bien plus grands risques pour atteindre les Etats-Unis, a-t-il assuré, jeudi, à l'issue d'une rencontre avec la présidente du Chili, Michelle Bachelet. Cela provoquera davantage de morts, bien plus que les 400 Mexicains qui périssent actuellement chaque année en essayant de traverser la frontière", a-t-il ajouté.
Au Honduras, mardi, M. Calderon a obtenu le soutien du sommet des chefs d'Etat d'Amérique centrale, qui déplorent "l'adoption de décisions qui ne contribuent pas à harmoniser les politiques migratoires et sécuritaires".
Quelque 400 000 Mexicains - et plus de 100 000 ressortissants centre-américains - tentent chaque année l'aventure. Les experts soulignent que les barrières mises en place depuis vingt ans n'ont pu stopper le phénomène, poussant seulement les candidats vers des zones de plus en plus désertiques.

"SOUMISSION HONTEUSE"
Seul dirigeant mexicain à avoir salué, de façon provocante, la nouvelle loi américaine, le président de la Banque centrale, Guillermo Ortiz, estime que cela va contraindre le Mexique à s'attaquer aux réformes structurelles pour combattre la pauvreté, principale source de l'émigration. "La Chine, avec une population quinze fois supérieure à la nôtre, recense moins de 390 000 émigrants par an", rappelle le politologue Lorenzo Meyer.
Ignorant que le président Bush avait déjà paraphé le texte de loi, M. Derbez a passé un moment difficile, mercredi, à la Chambre des députés, où il s'efforçait de justifier la "priorité" accordée aux Etats-Unis par la diplomatie mexicaine. "Ne nous trompons pas ; le futur et la prospérité du Mexique et de l'Amérique latine passent nécessairement par une plus grande intégration avec l'Amérique du Nord", a-t-il lancé à des élus qui arboraient, toutes tendances confondues, une pancarte exprimant leur rejet, sur laquelle on pouvait lire : "Mexicains unis contre le mur de l'humiliation".
La gauche a reproché à l'administration Fox d'avoir fait preuve de "soumission honteuse" envers Washington, alors que le gouvernement a, à plusieurs reprises, marqué son autonomie, notamment en votant contre l'intervention militaire en Irak, en 2003.
En consacrant à l'Amérique latine sa première tournée à l'étranger, M. Calderon veut envoyer un signal positif au sud du continent.


D'un "mur" à l'autre

"Gatekeeper". Ce programme, lancé le 1er octobre 1994, est destiné à protéger la frontière entre le Mexique et la Californie. Il s'est traduit par la construction d'un mur de 65 kilomètres de long avec les matériaux en surplus de la guerre du Golfe de 1991.
"Secure Border Initiative". Ce vaste plan signé, le 4 octobre, par George Bush, comprend notamment la construction d'une "barrière virtuelle" comprenant 1 800 tours équipées de caméras et de détecteurs, installés, au sud, sur les quelque 3 200 kilomètres de frontière avec le Mexique, et au nord, sur celle avec le Canada.
Un autre volet de ce programme porte sur la construction, d'ici au 31 décembre 2008, d'un mur d'environ 1 200 kilomètres sur les zones les plus poreuses de la frontière avec le Mexique.

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